L’Ecole Hôtelière de Lausanne, en Suisse et la Grenoble école de Management en France ont eu l’idée originale de créer ensemble un MOOC sur la géopolitique des métiers de l’accueil. Le but ? Comprendre le rôle de la cuisine et de l’accueil dans les relations internationales. Ce MOOC se déroule sur 4 semaines, et a commencé ce lundi 25 avril. Il permettra aux apprenants de comprendre la notion de « soft power » exercé par les Etats via l’accueil et la gastronomie. De quoi nous faire réfléchir et avoir un autre point de vue sur les relations internationales !
« Un accueil chaleureux autour d’une bonne table renforce les alliances, dissuade les ennemis et permet de faire converger différentes visions du monde, de les globaliser. C’est ainsi que l’on parvient à instaurer un ordre international plus stable et plus harmonieux. »
– Yves Schemeil, concepteur du MOOC.
Afin d’en savoir plus sur ce cours, nous avons interviewé Yves Schemeil, (professeur émérite en science politique de l’Université Grenoble Alpes (Sciences Po), titulaire de la chaire de politique globale et comparée à l’Institut Universitaire de France, et enseignant à l’EHL et à GEM), qui l’a conçu. Il ne sera néanmoins pas le seul dans ce MOOC ! D’autres pédagogues, des chefs, des maîtres d’hôtels, des sommeliers, et même des étudiants et diplômés de l’école hôtelière de Lausanne participent à ce projet.
My Mooc : Bonjour Yves Schemeil. Tout d’abord, pour entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous expliquer pourquoi avoir créé un MOOC sur ce sujet ? C’est plutôt original ! Pourquoi ce format?
C’est le format le plus adapté à un cours nouveau, qui ne trouvera que plus tard sa place dans les programmes d’enseignements existants. Comme il s’adresse à des publics dont les formations disciplinaires sont très différentes les unes des autres il n’y aucune raison de privilégier un petit groupe en face-à-face qui serait inscrit soit dans une formation hôtelière, soit dans une formation culinaire, soit dans une formation managériale, soit en études internationales.
My Mooc : Quels sont les enjeux de « Geopolitics of hospitality » ? Les notions clés abordées ?
Ce cours parle de la relation que nous avons avec des étrangers, sources de problèmes que nous devons surmonter : en passant en revue les solutions trouvées dans le domaine de l’hospitalité nous découvrons qu’elles peuvent être appliquées à la politique nationale et surtout internationale. Apprenez à vivre avec des hôtes ou des invités, et vous saurez comment vous comporter face à des gens que vous ne connaissez pas, ou même que vous n’aimez pas, dont vous vous méfiez – vous apprendrez donc à devenir de meilleurs démocrates et aussi de meilleurs citoyens. La commensalité a beaucoup à voir avec la civilité, le civisme et la citoyenneté. L’autodiscipline requise à table, ou pour préparer un repas, renvoie aux efforts faits pour vivre en paix. Le droit d’asile accordé aux réfugiés commence par le droit de partager un repas.
« Il n’y aucune raison de privilégier un petit groupe en face-à-face qui serait inscrit soit dans une formation hôtelière, soit dans une formation culinaire, soit dans une formation managériale, soit en études internationales. »
– Yves Schemeil
My Mooc : Le MOOC est à destination des professionnels de l’hôtellerie mais aussi des amateurs de cuisine et donc du grand public. Comment s’adapte-il à ces différentes cibles ?
Elles ont toutes en commun un goût pour les questions culinaires, alimentaires, et relatives à l’hospitalité, dont elles espèrent comprendre des aspects qui leur échappent, les raisons pour lesquelles les tables peuvent être rondes ou carrées, les plats crus ou cuits, les couverts présents ou absents, les hôtes et les invités tenus de se taire ou au contraire de porter des toasts et de faire des discours, etc. Au fil des étapes parcourues, et même au sein de chacune d’entre elles, les différents publics trouvent toujours des passages qui les concernent davantage que d’autres groupes d’apprenants. La remarque pourrait d’ailleurs être appliquée telle quelle aux personnes en formation initiale ou en formation continue, et la réponse serait la même.
My Mooc : Le MOOC est-il en anglais dans un but d’internationalisation ? Quantitativement, combien de Moocers espérez-vous alors toucher ?
Le meilleur moyen de toucher une audience large est d’utiliser la langue la plus parlée dans le monde, surtout dans un domaine où les francophones ont une réputation sans égale (les Français avec leur cuisine, les Suisses avec leur hôtellerie) qu’il faut justement maintenir et rendre accessibles aux Asiatiques qui s’en inspirent de plus en plus. Nous attendons plusieurs milliers d’apprenants !
My Mooc : Pour finir, pourquoi faut-il s’inscrire selon vous, en quelques mots seulement ?
Pour se faire plaisir tout en ayant le sentiment de devenir plus lucide et de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons à la lumière des mondes qui n’existent plus ! Et aussi, pour être parmi les premiers à avoir suivi une formation unique en son genre pour l’instant.
« Ce MOOC repose sur l’analyse de deux disciplines jusqu’à présent étudiées de manière distincte. Il permet d’adopter un point de vue global, tout en rendant accessible un savoir considérable sur les relations géopolitiques du point de vue de l’hospitalité »
– Yves Schemeil.
Vous souhaitez en savoir plus ? Rendez-vous sur https://www.my-mooc.com/en/mooc/the-geopolitics-of-hospitality/ !
Au cours de l’histoire, on comprend que les relations internationales ont déjà tourné autour de la cuisine. À table, ont été prises pas mal de décisions qui ont marqué des périodes historiques.